Fusillade de Dallas : quand la police utilise pour la première fois un robot-tueur

Pour neutraliser Micah Johnson, l'homme ayant abattu cinq policiers à Dallas, les forces de l'ordre ont utilisé un robot télécommandé qui a fait détoner une bombe. Cet usage inédit pose des questions éthiques et morales.

À Dallas, Micah Johnson n’est pas tombé sous les balles de la police. Il a été tué le 7 juillet, après avoir abattu cinq membres des forces de l’ordre, par un robot télécommandé porteur d'une bombe.

Selon de nombreux experts, il n’y a jamais eu de précédent à l'emploi de "robot-tueur" dans l’histoire de la police américaine. "C’est la première fois qu’un robot est utilisé de cette façon par la police", a ainsi expliqué sur son compte Twitter Peter Singer, de la fondation New America, un groupe de réflexion spécialisé notamment dans les questions de sécurité. D’après ce spécialiste, un robot de type Marcbot avait cependant déjà été employé de manière similaire, non pas sur le territoire américain, mais par les troupes en Irak.

Fusillade de Dallas : quand la police utilise pour la première fois un robot-tueur


© Laura Buckman, AFP | Des voitures de la police dans les rues de Dallas après la fusillade, le 7 juillet 2016.
Dernière modification : 09/07/2016

Pour neutraliser Micah Johnson, l'homme ayant abattu cinq policiers à Dallas, les forces de l'ordre ont utilisé un robot télécommandé qui a fait détoner une bombe. Cet usage inédit pose des questions éthiques et morales.

À Dallas, Micah Johnson n’est pas tombé sous les balles de la police. Il a été tué le 7 juillet, après avoir abattu cinq membres des forces de l’ordre, par un robot télécommandé porteur d'une bombe.

Selon de nombreux experts, il n’y a jamais eu de précédent à l'emploi de "robot-tueur" dans l’histoire de la police américaine. "C’est la première fois qu’un robot est utilisé de cette façon par la police", a ainsi expliqué sur son compte Twitter Peter Singer, de la fondation New America, un groupe de réflexion spécialisé notamment dans les questions de sécurité. D’après ce spécialiste, un robot de type Marcbot avait cependant déjà été employé de manière similaire, non pas sur le territoire américain, mais par les troupes en Irak. 

la police américaine utilise depuis des années des robots pour neutraliser notamment des engins suspects avec leurs bras articulés, mais jamais dans le but de tuer. Même dans le monde militaire, la mission principale de ces robots est de désamorcer des explosifs et ainsi sauver des vies. "Ils sont assez maladroits et ils sont plus utiles pour des opérations de reconnaissance que d’attaque", a ainsi expliqué à l'agence Associated Press Tom Gorup, un vétéran de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan, qui travaille désormais pour une entreprise de sécurité.

Concernant les robots aériens, la situation est différente. L’armée américaine a l’habitude de se servir de drones lors de raids contre des jihadistes au Pakistan, au Yémen ou en Somalie. Ces avions sans pilotes, atteignent parfois les terroristes mais font aussi souvent de nombreuses victimes civiles. Ces frappes très pratiquées par l’administration Obama sont ainsi très controversées. 

De possibles dérives 

Pour William Cohen, un ancien employé de la firme Exponent qui a conçu le robot Marcbot utilisé en Irak, ce nouvel emploi des robots soulève des questions inquiétantes pour l'avenir : "Comment la police va définir la ligne rouge à ne pas franchir et décider quand il faut continuer à négocier ou utiliser un robot ?". Elizabeth Joh, professeur de droit à l’université de Californie, s’inquiète aussi de possibles dérives. "Les situations d’extrême urgence ne devraient pas définir les situations plus ordinaires lors desquelles la police pourrait être tentée d’utiliser des robots qui peuvent faire du mal", insiste-telle.

Déjà en 2015, l’ONG Human Rights Watch et l’organisation International Human Rights Clinic avait lancé une campagne contre l’utilisation éventuelle de ces "robots-tueurs" par les forces de l’ordre. Selon elles, ces machines "ne sont pas dotés de qualités humaines, telles que le jugement et l’empathie, qui permettent à la police d'éviter de tuer illégalement dans des situations inattendues". 

"Nous n’avons pas eu d’autre choix" 

Plusieurs milliers de chercheurs et personnalités de renom, dont le célèbre physicien Stephen Hawking, avaient également lancé un appel, pour mettre en garde contre les robots-tueurs capables de "choisir et frapper des cibles sans intervention humaine". "La technologie de l'intelligence artificielle a atteint un point où le déploiement de ces systèmes est, pratiquement sinon légalement, faisable non dans les décennies mais dans les années à venir. (...) Elles ont été décrites comme la troisième révolution dans la pratique de la guerre, après la poudre et les armes nucléaires', avaient-ils écrit dans un texte publié en 2015 durant la Conférence internationale sur l’intelligence artificielle (IJCAI).

À Dallas, les autorités ne se sont pas étendues sur les raisons qui les ont poussées à utiliser ce robot. "Nous n’avons pas eu d’autre choix que d’utiliser notre robot piégé, et de placer un dispositif dans son prolongement afin de le faire exploser là où était le suspect", a seulement expliqué le chef de la police David Brown. "Les autres options auraient exposé les agents à un grave danger".

 

 


 

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